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 La voie de la damnation

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Magellas
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MessageSujet: La voie de la damnation   La voie de la damnation Icon_minitimeDim 16 Déc - 16:56

Ce harcèlement incessant commence à me fatiguer. J'ai d'importantes recherches en cours, des effets magiques subtils qui nécessitent des semaines de préparation et de rituels. » Kel'Thuzad fulminait. On l'avait forcé à attendre plusieurs heures avant même de lui permettre de rencontrer ses accusateurs. Drenden et Modera, apparemment les porte-parole du groupe, étaient deux de ses critiques les plus manifestes. Ils n'auraient cependant pas osé mettre en branle cette dernière inquisition sans avoir le soutien d'Antonidas, qui ne s'était pas encore manifesté. Que manigançait donc le vieil homme ?

Drenden pouffa. « C'est la première fois que j'entends qualifier votre style de magie de “subtil”.

— Une opinion qui ne traduit que l'incompétence de celui qui la manifeste, » répondit froidement Kel'Thuzad.

Une voix lointaine lui parvint alors, la voix d'un ami. Avec le temps, elle lui était devenue si familière qu'il lui semblait entendre ses propres pensées. Ils te craignent et ils te jalousent. Après tout, grâce à ton nouvel axe de recherche, tu continues à progresser en savoir et en puissance.

Il y eut un éclair de lumière, et un archimage aux cheveux gris et à la mine renfrognée fit son apparition dans la salle, un petit coffret de bois coincé sous le bras. « Je ne l'aurais pas cru si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux. Tu as abusé de notre patience pour la dernière fois, Kel'Thuzad.

— Le vénérable Antonidas daigne enfin nous honorer de sa présence. Je commençais à croire que vous étiez tombé malade.

— L'âge t'effraie, n'est-ce pas ? coupa Antonidas. Tu réalises qu'il n'existe pas de choix. »

Laisse-le y croire, si cela peut lui faire plaisir.

Retrouvant un peu son calme, Antonidas poursuivit : « En ce qui concerne ma santé, tu n'avais pas à t'inquiéter. J'étais simplement occupé ailleurs.

— À fouiller mes appartements pour trouver des traces de magie interdite ? Vous n'auriez pas dû perdre votre temps.

— Il est vrai que tes quartiers ne contenaient rien d'incriminant. Les entrepôts que tu possèdes dans les terres du Nord, en revanche… » Antonidas lui jeta un coup d'œil écœuré.

Maudit soit ce fouineur plein de suffisance. « Vous n'aviez pas le droit… »

Antonidas heurta le sol de son bâton, le réduisant au silence, et se tourna vers les autres magi. « Il a transformé les bâtiments en laboratoires pour y effectuer des expériences ignobles. Voyez vous-mêmes, confrères. Contemplez le fruit de ses travaux. » Il ouvrit le coffret et le pencha pour que tous puissent voir son contenu.

Les restes en décomposition de plusieurs rats. Deux d'entre eux grattaient maladroitement les bords du coffret, faisant de vains efforts pour s'enfuir. Certains des magi bondirent sur leurs pieds, et un brouhaha consterné s'ensuivit. Même le haut-elfe à la chevelure dorée assis à l'arrière de la salle parut surpris. Pourtant, le très grand âge du prince Kael'thas rendait cette prouesse quasiment impossible.

En reportant son attention sur les rats emprisonnés, Kel'Thuzad vit qu'ils s'étaient effondrés et avaient cessé de bouger. Encore une série vouée à l'échec, apparemment. Qu'importe. Un jour il parviendrait à créer un spécimen stable de mort-vivant. Tout son dur labeur serait alors enfin légitimé. Ce n'était qu'une question de temps.

Certaines des mailles du sortilège qui te réduit au silence sont grossièrement tissées. Veux-tu que je te montre comment les effilocher ?

Le temps, tout comme la voix énigmatique de son allié inconnu, l'aidait à s'approcher de son objectif. Montre-moi, pensa-t-il.

Une jeune femme apparut dans un autre trait de lumière. Le regard intense et pénétrant du haut-elfe la suivit comme elle s'approchait d'Antonidas, mais Jaina Proudmore n'y prêta pas attention. Elle était entièrement accaparée par ses fonctions. Le séduisant prince n'avait pas l'ombre d'une chance.

Les vifs yeux bleus de la jeune femme posèrent un regard curieux sur Kel'Thuzad. Elle prit la boîte que lui tendait Antonidas, pendant qu'il poursuivait : « Mon apprentie va s'assurer que ce coffret et son contenu soient incinérés. »

La femme s'inclina et se téléporta à l'extérieur. De l'autre coté de la pièce, le haut-elfe fronça les sourcils en scrutant l'emplacement de sa disparition. En d'autres circonstances, Kel'Thuzad aurait pu s'amuser de cette scène muette. Cependant, en l'absence de contestation, Antonidas reprenait sa diatribe. Bouillonnant intérieurement, Kel'Thuzad reprit ses efforts pour se libérer.

« Nous avons assez toléré cette situation, en nous contentant de lui taper sur les doigts de temps à autre pour ses pratiques les plus douteuses. Nous avons tenté de le guider. Et maintenant nous apprenons qu'il pratique la magie noire. Le nom du Kirin Tor est en train de devenir rapidement une forme de malédiction dans la bouche des villageois de la région.

— Menteur ! » s'écria Kel'Thuzad, et quelques-uns des magi furent de nouveau avec lui, prêts à écouter son explication. « Les paysans se souviennent de la Seconde guerre aussi bien que nous. On peut dire tout le mal que l'on veut des orcs, mais leurs démonistes manipulaient de grands pouvoirs. Des pouvoirs contre lesquels nous n'avions quasiment aucune défense. Nous sommes tenus d'y remédier. Nous devons apprendre à manier et à contrer ces formes de magie.

— Pour lever une armée de rats dont l'existence contre-nature se mesure en heures ? demanda sèchement Antonidas. Oui, mon enfant, j'ai aussi trouvé tes carnets. Tu as conservé des notes abondamment détaillées sur cette abominable entreprise. Tu ne pouvais pas sérieusement envisager d'utiliser ces pitoyables créatures contre les orcs. À supposer, bien sûr, que ceux-ci parviennent un jour à sortir de leur léthargie actuelle, à s'échapper des camps d'internement, et à réussir d'une façon ou d'une autre à redevenir une menace.

— Le fait que je sois votre cadet ne fait pas de moi un enfant, loin de là ! répliqua Kel'Thuzad. Et en ce qui concerne les rats, ils ne sont que l'aune à laquelle je mesure mes progrès. C'est une technique expérimentale éprouvée. »

Un soupir. « Je sais parfaitement que tu passes le plus clair de ton temps dans le Nord en ce moment. Ce sont d'ailleurs tes absences de plus en plus longues qui ont attiré mon attention en premier lieu. Ne me dis pas que tu ignores que la levée de la nouvelle taxe royale a déclenché des désordres. Ta quête de pouvoir égoïste pourrait inciter les paysans à la révolte, et plonger le Lordaeron dans la guerre civile. »

Il n'était pas au courant pour la taxe. Antonidas devait exagérer. De plus, de vrais magi ne devraient pas avoir à se soucier d'affaires si vulgaires. « Je prendrai des précautions pour être plus discret, proposa-t-il en grinçant des dents.

— Aucune précaution ne pourrait permettre de garder un secret d'une telle ampleur, répondit Drenden.

— Nous avons toujours dû composer entre le besoin de protéger nos peuples et le risque de devenir nous-mêmes dangereux, ajouta Modera. Nous ne devons jamais sacrifier notre humanité. Pas en apparence, et certainement pas en réalité. Au mieux, vos méthodes nous feront condamner pour hérésie. »

C'en était trop. « On nous traite d'hérétiques depuis des siècles. L'Église n'a jamais apprécié nos méthodes. Mais en dépit de ces sentiments, nous sommes toujours là.

— Parce que nous évitons la magie noire, qui mène à la corruption et à la ruine, opina-t-elle.

— Parce que nous sommes indispensables !

— Assez ! » Antonidas avait l'air fatigué. Il ajouta pour Modera et Drenden : « Si de simples arguments pouvaient l'atteindre, nous n'en serions pas là aujourd'hui.

— J'ai entendu vos arguments, répliqua Kel'Thuzad exaspéré. Dieux miséricordieux, je les ai tellement entendus que j'en suis malade ! C'est vous qui n'entendez pas les miens, qui refusez de vous défaire de vos vieilles crain…

— Tu te méprends sur nos intentions, l'interrompit Antonidas. Ceci n'est pas un débat. Alors que nous parlons, tes propriétés sont passées au peigne fin. Tous les objets corrompus par la magie noire seront confisqués, et détruits après leur identification. »

Son allié anonyme l'avait prévenu de cette éventualité, mais Kel'Thuzad n'y avait pas cru. Étrangement, il se sentait presque soulagé maintenant que c'était arrivé. Le souci du secret limitait la portée de son travail et restreignait ses progrès.

« Au vu des preuves, continua pesamment Antonidas, le roi Terenas a confirmé notre jugement. Si tu n'abandonnes pas cette folie, tu seras déchu de ton rang et de tes biens, et tu seras exilé de Dalaran… et même du Lordaeron. »

L'esprit en ébullition, Kel'Thuzad s'inclina et sortit. Il ne faisait aucun doute que le Kirin Tor allait éviter d'ébruiter la nouvelle de sa prétendue disgrâce, de peur des répercussions éventuelles au cas où ses actes seraient rendus publics. Pour une fois, il allait profiter de leur couardise. Jamais ses richesses n'iraient garnir les coffres du trésor royal.
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MessageSujet: Re: La voie de la damnation   La voie de la damnation Icon_minitimeDim 16 Déc - 16:57

Une meute de loups suivait Kel'Thuzad depuis plusieurs lieues, s'approchant presque à portée de sortilège avant de laisser la distance se creuser à nouveau. Jetant un coup d'œil inquiet par-dessus son épaule, il les vit gronder et aplatir leurs oreilles avant de filer. Heureusement, les vents arctiques se faisaient eux aussi moins pressants. Il pouvait apercevoir le sommet dans le lointain, une cime désolée dont la vue faisait naître en lui des sentiments mêlés de triomphe et d'appréhension. Le pic de la Couronne de glace… Peu nombreux étaient les explorateurs qui avaient eu l'audace de braver le glacier, et encore moins nombreux ceux qui avaient survécu pour en parler. Mais lui, Kel'Thuzad, saurait gravir seul ses escarpements pour regarder de haut le reste du monde.

Il n'existait malheureusement que très peu de cartes du continent glacé de Norfendre, et il les trouvait lamentablement inappropriées, tout comme les provisions qu'il avait fièrement préparées pour son voyage. Les incertitudes sur la route à suivre et la destination finale lui interdisaient de se téléporter. Sans se ménager, il repartit en chancelant. Il ne savait plus depuis combien de temps il marchait. Il grelottait sans cesse, malgré son manteau doublé de fourrure. Ses jambes maladroites et engourdies lui faisaient l'effet de piliers de pierre. Son corps avait commencé à ralentir. S'il ne trouvait pas rapidement un abri, il allait mourir dans ce froid.

Un reflet de lumière finit par attirer son regard : un obélisque de pierre couvert de symboles magiques, et au-delà une citadelle. Enfin ! Il dépassa l'obélisque et traversa un pont qui semblait constitué de pure énergie. Les portes de la citadelle s'ouvrirent devant lui, mais il fit halte juste avant de les franchir.

L'entrée était gardée par deux créatures grotesques. Sous la taille, elles ressemblaient à des araignées géantes, campées au sol sur six pattes. Les deux derniers membres étaient rattachés comme des bras à un torse vaguement humanoïde. Mais c'était leur état qui paraissait le plus fascinant chez ces créatures. Leur corps était marqué par tout un assortiment de blessures ouvertes, dont seules les plus graves étaient grossièrement bandées. Le bras de l'un des gardes était tordu de façon improbable. De l'ichor dégoulinait de la mâchoire du second, sans que cela semble le déranger.

Malgré la puanteur familière de la non-mort, les gardes ne laissaient paraître aucun des symptômes de la confusion qui avait frappé les rats de Kel'Thuzad. Les créatures arachnéennes devaient aussi avoir conservé l'essentiel de leur force et de leur coordination, sans quoi elles auraient fait de bien piètres gardes. Leur créateur était visiblement un nécromancien expérimenté.

À sa grande surprise, elles s'écartèrent pour le laisser passer. Peu enclin à s'interroger sur sa bonne fortune, il entra de bon cœur dans la citadelle, où il faisait sensiblement plus chaud. Une statue abîmée figurant l'une de ces quasi-araignées ornait le hall d'entrée. Le bâtiment lui-même semblait être de construction récente, mais la statue paraissait très ancienne. En y repensant, il se souvint avoir aperçu des statues similaires dans les ruines antiques qu'il avait traversées lors de son périple vers le nord. Le froid lui engourdissait les méninges.

À première vue, le nécromancien avait conquis le royaume de ces êtres arachnéens, les avait transformés en morts-vivants, et s'était emparé de leurs trésors comme trophées de guerre. Il exultait. Il allait apprendre de grandes choses ici.

Une créature gigantesque, mélange grotesque de scarabée et d'araignée, apparut à l'autre bout de la pièce. Alors que le monstre se rapprochait à pas mesurés, Kel'Thuzad put observer que son corps imposant portait un nombre encore plus élevé de blessures et de bandages. Comme les gardes, c'était un mort-vivant, mais il se sentait plus effrayé qu'impressionné devant une telle masse. Il n'était pas sûr d'avoir les capacités nécessaires pour vaincre un tel monstre, et encore moins pour le relever d'entre les morts.

La créature l'accueillit d'une profonde voix de basse qui résonnait dans son corps gigantesque. Bien qu'elle se soit exprimée dans un commun parfaitement compréhensible, le son le glaça. Ses mots semblaient émerger d'un étrange bruit de fond composé de bourdonnements et de cliquètements. « Le maître vous attend, archimage. Je suis Anub'arak. »

Prodigieux ! Elle avait aussi bien l'intelligence que les fonctions motrices nécessaires à la parole ! « Oui. Je souhaite devenir son apprenti. »

L'énorme créature se contenta de le regarder de haut, comme si elle se demandait si le visiteur ferait un amuse-gueule convenable.

Il se racla nerveusement la gorge. « Puis-je le voir ?

— Quand le moment sera venu, gronda Anub'arak. Jusqu'ici, vous avez dédié votre vie à la quête de la connaissance. Un objectif admirable, mais vos expériences de mage ne suffisent certainement pas à vous préparer au service du maître. »

Qu'est-ce qui pouvait inspirer un tel discours ? Ce majordome considérait-il Kel'Thuzad comme un rival ? Dans ce cas, il fallait dissiper cette méprise aussi vite que possible. « En tant qu'ancien membre du Kirin Tor, j'ai plus de magie sous mon contrôle que vous pourriez l'imaginer. Je suis amplement préparé pour toute tâche que le maître voudra me confier.

— Nous verrons. »
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MessageSujet: Re: La voie de la damnation   La voie de la damnation Icon_minitimeDim 16 Déc - 16:58

Anub'arak le conduisit à travers une série de tunnels qui les menèrent loin sous la surface. Finalement, Kel'Thuzad et son guide émergèrent dans une vaste ziggourat que l'on appelait Naxxramas, aux dires d'Anub'arak. À en juger d'après son architecture, le bâtiment était également une création des quasi-araignées. Effectivement, les premières salles que lui montra Anub'arak étaient peuplées par ces morts-vivants, qui perdirent rapidement l'attrait de la nouveauté. De véritables araignées vivaient parmi eux, industrieusement occupées à tisser leurs toiles et à pondre leurs œufs.

Kel'Thuzad cacha son dégoût. Il ne voulait pas laisser cette satisfaction à l'énorme majordome. En indiquant l'une des créatures-araignées mortes-vivantes, il lui demanda : « Vous avez certaines ressemblances avec ces créatures. Provenez-vous tous de la même espèce ?

— Oui, de la race nérubienne. Ensuite, le maître est arrivé. Lorsque son influence s'est étendue, nous lui avons fait la guerre. Nous pensions avoir une chance de victoire, fous que nous étions. Un grand nombre des nôtres fut tué avant de revenir dans la non-vie. De mon vivant, j'étais un roi. Aujourd'hui, je suis un seigneur des cryptes.

— En échange de l'immortalité, vous avez accepté de le servir, pensa Kel'Thuzad à voix haute. Remarquable.

— “Accepté” implique un choix. »

Ce qui signifiait que le nécromancien pouvait commander l'obéissance des morts-vivants. Kel'Thuzad était peut-être le premier être vivant à venir ici de son plein gré. Légèrement troublé, il changea de sujet. « Ce lieu est plein des vôtres. Je suppose que vous le dirigez ?

— Après ma mort, j'ai conduit les miens à la conquête de cette ziggourat pour notre nouveau maître. J'ai aussi supervisé ses modifications pour qu'elle puisse servir ses desseins. Naxxramas n'est cependant pas sous mon autorité, pas plus que les miens n'en sont les seuls occupants. Ceci n'est que l'une de ces quatre ailes.

— Dans ce cas, seigneur des cryptes, guide-moi. Montre-moi le reste. »
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MessageSujet: Re: La voie de la damnation   La voie de la damnation Icon_minitimeDim 16 Déc - 16:59

La deuxième aile contenait tout ce dont Kel'Thuzad avait rêvé. Des artefacts magiques, de l'équipement de laboratoire et toutes sortes de fournitures qui auraient fait honte à ses anciennes installations. Des pièces immenses, pouvant abriter une véritable armée d'assistants. Des bêtes mortes-vivantes habilement cousues à partir d'un salmigondis animalier avant d'être réanimées. Et même quelques morts-vivants humanoïdes composés à partir de morceaux de divers humains ! Les éléments qui les composaient ne portaient pas de traces de blessures : contrairement aux nérubiens, les humains n'avaient pas lutté contre la mort. Le nécromancien avait dû récupérer les corps dans un cimetière voisin, une bonne solution pour ne pas se faire remarquer. Dans le cas contraire, le Kirin Tor serait intervenu immédiatement.

La troisième aile se révéla malheureusement moins intéressante. Anub'arak lui montra une armurerie et une zone d'entraînement au combat. Puis le seigneur des cryptes le conduisit au travers de salles remplies de centaines – non, de milliers – de barriques et de caisses scellées. Se pouvait-il que Naxxramas ait besoin d'un approvisionnement si colossal ? Dans le cas improbable d'un siège, la pyramide serait parée pour très longtemps.

Finalement, Anub'arak et lui atteignirent la dernière aile. Des champignons géants poussaient dans une zone de jardins et émettaient des vapeurs si nocives que Kel'Thuzad se sentit mal. Le sol sous chaque champignon semblait insalubre, voire malade. En s'approchant pour l'inspecter, il marcha sur quelque chose de mou, une sorte d'asticot de la taille d'un poing.

Il frémit et reprit sa marche. La salle suivante contenait un grand nombre de petits chaudrons pleins d'un liquide verdâtre et bouillonnant. Sa curiosité l'emportant sur l'odeur écœurante, Kel'Thuzad fit un pas en avant, mais une impressionnante griffe lui bloqua soudain la route.

« Le maître souhaite que vous restiez parmi les vivants. Votre heure n'est pas encore venue. »

Son souffle resta bloqué dans sa gorge. « Ça m'aurait tué ?

— Nombreux sont ceux qui refusent de servir le maître dans la vie. Le fluide permet de résoudre ce problème. » Devant l'absence de réaction de Kel'Thuzad, le seigneur des cryptes poursuivit : « Venez. Je vais vous montrer. »

Anub'arak le conduisit à une cellule dans laquelle se trouvaient deux prisonniers. Des villageois, à voir l'étoffe grossière de leurs vêtements. L'homme berçait la femme dans ses bras ; elle était horriblement blafarde et trempée de sueur. Tous deux étaient vivants, même si la femme était visiblement malade. Kel'Thuzad jeta un coup d'œil inquiet vers le seigneur des cryptes.

Les yeux vitreux et pleins de désespoir de la prisonnière se posèrent sur Kel'Thuzad et s'éclaircirent. « Pitié, seigneur ! Mon corps m'abandonne. J'ai vu ce qui va arriver ensuite. Un éclair de feu, je vous en supplie. Permettez-moi de reposer en paix. »

Elle craignait de devenir l'esclave du nécromancien. D'après Anub'arak, elle n'aurait pas le choix. Kel'Thuzad, mal à l'aise, détourna le regard. Après tout, elle ne vivrait plus très longtemps.

Elle sortit avec peine des bras de l'homme et vint se tenir aux barreaux. « Par pitié ! Si vous ne m'aidez pas, mettez au moins mon époux en lieu sûr ! » Elle se mit à sangloter de désespoir.

« Chut, mon cœur, murmura l'homme derrière elle. Je ne t'abandonnerai pas.

— Faites-la taire !, murmura Kel'Thuzad avec force à l'adresse d'Anub'arak.

— Le bruit vous tourmente ? » D'un geste rapide comme l'éclair, il expédia une griffe entre les barreaux et à travers le cœur de la femme. Puis le seigneur des cryptes secoua machinalement le corps pour le faire tomber.

Le mari poussa un cri de détresse. Se sentant coupable d'être soulagé, Kel'Thuzad commençait à s'éloigner, mais il s'arrêta net lorsque le cadavre se mit à s'agiter et à se cambrer sur le sol de pierre. Le villageois fut frappé de silence et resta bouche bée.

La peau de la morte changeait de couleur, virant vers un gris légèrement teinté de vert. Petit à petit, ses spasmes se calmèrent et elle se redressa maladroitement sur ses jambes. Elle pencha la tête sur le côté, et frémit lorsqu'elle aperçut son mari. « Gardes, faites sortir cet homme, » fit-elle d'une voix rauque.

Les gardes ne firent pas un geste. Tout en grognant, elle passa sa main dans l'enchevêtrement de ses cheveux châtains, et Kel'Thuzad put observer son visage. Les vaisseaux sanguins s'assombrissaient sous la peau, et ses yeux avaient une expression sauvage et dérangée.

Son mari demanda d'une voix inquiète : « Mon amour ? Tu vas bien ? »

Elle laissa échapper un rire amer qui se transforma en grognement lorsqu'il fit un pas dans sa direction. « N'approche pas plus. »

L'homme ne tint pas compte de ses protestations, mais elle le repoussa avec assez de force pour le projeter dans les airs. Il s'écrasa sur les barreaux à l'autre bout de la cellule et glissa au sol, sonné.

« Reste là. » Sa voix devenait plus gutturale. « Te faire mal. » Elle se serra les bras autour du corps et recula jusqu'à se cogner contre le bord opposé de la cellule. « Te faire mal, te faire mal, » gémissait-elle, et progressivement sa façon de le dire devenait plus inquiétante.

Sans comprendre, Kel'Thuzad observa la façon dont, lentement et par à-coups, elle ramena une main contre le trou dans sa poitrine. Elle siffla, grimaça, approcha ses doigts de sa bouche, se mit à les lécher puis à les sucer goulûment. Dans un mouvement aussi rapide que soudain, elle bondit sur son mari, cinglant l'air de ses ongles, les babines retroussées…

L'homme poussa un cri. Le sang gicla sur le sol de la cellule. Kel'Thuzad se détourna en tressaillant. Fermer les yeux n'était pas d'un grand secours, il entendait encore les bruits atroces. Les gargouillis, les déchirures, la mastication. Et en retrait, un long miaulement plaintif et misérable dont il craignait qu'il n'indique que la morte-vivante était encore consciente de ses actes, sans pour autant pouvoir les empêcher.

Dégoûté et horrifié, il se téléporta à l'extérieur de Naxxramas et fit quelques pas en titubant avant de vomir. Puis, ayant trouvé un coin de neige vierge, il en ramassa de pleines poignées pour se frotter violemment les mains et la figure. Il avait l'impression que plus jamais il ne pourrait se sentir propre. Dans quel pétrin s'était-il fourré ?

L'une après l'autre, ses pensées éparpillées se remirent en ordre. Le nécromancien n'était pas simplement un chercheur attaché à l'étude d'un domaine magique généralement condamné. Pas plus qu'il ne comptait s'arrêter à la simple fortification de sa demeure pour se protéger en cas d'attaque extérieure. Il était en train de produire en masse un fluide capable de transformer les gens en zombies. Naxxramas contenait également d'énormes réserves de fournitures, d'armes, d'armures, des terrains d'entraînement…

Il ne s'agissait pas de mesures défensives, mais de préparatifs de guerre.

Un brusque coup de vent porteur d'un hurlement sinistre le fit vaciller, et un groupe d'âmes-en-peine du froid commença à prendre forme devant ses yeux. Il avait lu un document sur ces créatures, bien des années auparavant, à la Citadelle pourpre. La vague description de leur aspect translucide et nébuleux avait totalement fait l'impasse sur la méchanceté glaciale irradiant de leurs yeux incandescents.

L'une des âmes-en-peine glissa vers lui et demanda : « Vous avez des doutes ? Comme vous voyez, votre petit tour de passe-passe ne vous sera d'aucune utilité. Vous ne pouvez pas échapper au maître. Et quand bien même, que pourriez-vous espérer ? Où iriez-vous ? Et pour être encore plus pertinent, qui vous croirait ? »

Le combat ou la fuite auraient constitué un choix héroïque. Héroïque, mais vain. Sa mort ne servirait à rien. En acceptant de devenir l'apprenti du nécromancien, en revanche, Kel'Thuzad gagnait du temps, du temps pour renforcer ses propres compétences. Avec suffisamment de préparation, il pourrait surpasser le nécromancien, ou le prendre au dépourvu.

Il hocha la tête. « Très bien. Menez-moi à lui. »
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MessageSujet: Re: La voie de la damnation   La voie de la damnation Icon_minitimeDim 16 Déc - 17:02

Les âmes-en-peine le téléportèrent à l'intérieur de la citadelle et l'escortèrent dans ses profondeurs, à travers une longue suite de couloirs et de salles. Kel'Thuzad savait pertinemment qu'il ne pourrait pas se souvenir de ce trajet. Finalement, loin sous la surface, il pénétra avec les âmes-en-peine dans une immense caverne où régnait un froid si intense qu'il le glaça jusqu'aux os. En son centre se dressait une flèche de roche vertigineusement haute. Un escalier couvert de neige montait en spirale le long de la formation rocheuse.

Toujours accompagné des âmes-en-peine, il entreprit l'ascension. Son cœur battait d'excitation et d'effroi. Quand il comprit que sa progression se faisait plus hésitante, il pressa le pas. Mais sa résolution ne dura pas. Il avait l'impression de traîner un poids derrière lui. À l'évidence, le long voyage à travers Norfendre l'avait plus épuisé qu'il ne le pensait.

Loin au-dessus, au sommet de la flèche, il apercevait vaguement un immense éclat de cristal, sans une trace de neige, qui luisait d'une faible lueur bleutée. Mais aucun signe du nécromancien.

L'une des âmes-en-peine le poussa en avant d'une rafale de vent glacé. Son pas s'était à nouveau ralenti. Il resserra son manteau avec irritation et se força à poursuivre son ascension malgré son manque de souffle.

Un peu plus tard, une bourrasque de grêle le ramena d'un coup à la conscience. Il s'était arrêté au milieu de l'escalier pour s'appuyer sur son bâton. L'air était fétide et suffocant, et il haletait. « Laissez-moi un instant, » parvint-il à dire.

Juste derrière lui, une âme-en-peine répondit : « Le repos nous est interdit. Pourquoi vous l'accorderions-nous ? »

Le visage renfrogné et les épaules voûtées, Kel'Thuzad reprit sa marche en luttant contre l'épuisement. Il leva la tête et vit que le cristal luisant était maintenant plus proche. À cette distance, il ressemblait à un trône irrégulier contenant de vagues formes sombres. Il en émanait une aura de menace presque palpable.

Les âmes-en-peine le frôlèrent et il sursauta en laissant échapper un cri dont les échos rebondirent à travers l'immense caverne. Il saisit les pans de son manteau de ses mains tremblantes et couvertes de sueur froide. Sa respiration lui mettait la gorge à vif, et il ressentit soudain une violente pulsion de faire demi-tour et de partir en courant. « Où est le maître ? » demanda-t-il d'une voix aiguë et chevrotante.

Pas de réponse, si ce n'est la grêle qui le fouettait cruellement. Il trébucha mais reprit son équilibre. Chaque pas rendait maintenant le trône plus oppressant, faisait pencher sa tête et courber son échine. Il pouvait à peine marcher. Peu après, il s'effondra à quatre pattes.

Alors, le nécromancien s'adressa directement à Kel'Thuzad, d'une voix qui ne contenait plus la moindre trace de chaleur. Que ceci soit ta première leçon. Je n'ai pas d'amour pour toi et ton peuple. Au contraire, mon intention est de rayer l'humanité de la surface de cette planète. Et ne t'y trompe pas, j'ai les moyens d'y parvenir.

Implacables, les âmes-en-peine ne lui permettaient pas de s'arrêter. Au-delà de toute humiliation, il abandonna son bâton et se mit à ramper. La malveillance du nécromancien l'écrasait et l'enfonçait dans la neige. Kel'Thuzad tremblait et gémissait, et par les dieux, il s'était trompé… Trompé de façon aussi stupide que totale. Ce n'était pas de l'épuisement, c'était de la terreur à l'état pur.

Tu ne me prendras jamais au dépourvu, car je ne dors jamais, et comme tu aurais déjà dû le deviner, je peux lire tes pensées aussi aisément que tu parcourrais un livre. Tu ne peux pas non plus avoir le moindre espoir de me vaincre. Ton pitoyable esprit est incapable de maîtriser les énergies que je manipule d'un simple caprice.

La robe de Kel'Thuzad était déchirée depuis longtemps, et ses jambières n'étaient assez solides pour résister à la roche glacée et grossièrement taillée de l'escalier. Ses genoux et ses mains laissaient des traces sanglantes sur le sol, alors qu'il luttait pour gravir le dernier tour de marches. Un froid mordant irradiait du trône entouré de brume. Un trône non pas de cristal, mais de glace.

L'immortalité peut être une grande bénédiction. Elle peut aussi être une agonie dont tu n'as pas encore mesuré la portée. Défie-moi, et je t'enseignerai tout ce que j'ai appris sur la douleur. Tu supplieras pour obtenir la mort.

Il était parvenu à quelques pas du trône et ne pouvait plus avancer, cloué au sol par une aura écrasante d'une puissance et d'une haine surhumaines. Une force invisible pesa sur lui et enfonça le côté de son visage dans la pierre inébranlable du sol. « Pitié ! » Il se rendit compte qu'il sanglotait. « Pitié ! » Il était incapable de prononcer d'autres mots.

Finalement la pression se relâcha. Les âmes-en-peine s'écartèrent en voletant, mais il savait que ce serait une erreur de se relever. Et de toute manière, il doutait d'en être capable. Malgré lui, ses yeux cherchèrent son persécuteur.

Une armure de plaques était assise dans le trône. Pas sur le trône, mais bel et bien insérée à l'intérieur de celui-ci. Kel'Thuzad aurait pu penser que l'armure était simplement noire, mais en plissant les yeux, il vit que sa surface ne reflétait absolument aucune lumière. En fait, plus il la regardait, plus il lui semblait que cette armure absorbait toute lumière, tout espoir et toute raison.

Le casque orné et garni de pointes servait visiblement aussi de couronne. Il était serti d'une unique gemme bleue et, comme le reste de l'armure, il semblait vide. Dans l'un de ses gantelets, la silhouette serrait la garde d'une grande épée dont la lame était couverte de runes. La source du pouvoir. La source du désespoir.

En devenant mon lieutenant, tu obtiendras un savoir et une magie qui dépasseront tes rêves les plus ambitieux. Mais en retour, tu me serviras pour le restant de tes jours, dans la vie comme dans la mort. Si tu me trahis, je ferai de toi l'un des décérébrés, et tu continueras à me servir.

Servir cet être spectral – ce roi-liche, comme Kel'Thuzad commençait à le percevoir – lui apporterait sans aucun doute un pouvoir immense… et le damnerait pour l'éternité. Mais cette découverte arrivait bien trop tard. De plus, sans la perspective de la mort, la damnation ne voulait plus dire grand-chose.

« Je suis à votre service. Je le jure, » fit-il d'une voix rauque.

En réponse, le roi-liche lui envoya une vision de Naxxramas. De petites silhouettes en robe noire formaient un grand cercle à l'extérieur, sur le glacier. Leurs bras, visiblement enveloppés de sombres énergies magiques, se levaient et s'abaissaient au rythme d'un chant monotone dont les paroles échappaient à Kel'Thuzad. Le sol sous leurs pieds était agité de secousses, mais ils poursuivaient leur incantation.

Tu iras de par le monde et tu porteras témoignage de mon pouvoir. Tu seras mon ambassadeur auprès des vivants, et tu rassembleras un groupe de personnes partageant tes vues pour favoriser l'accomplissement de mes plans. Par l'illusion, la persuasion, la maladie et la force des armes, tu établiras mon règne sur Azeroth.

À la surprise de Kel'Thuzad, la glace se mit à bouger et à se fendre, et le sommet d'une ziggourat perça le sol gelé. Un bâtiment était en train de surgir de terre. Alors que les silhouettes en robe redoublaient leurs efforts, l'immense pyramide poursuivait son impossible émergence. Des blocs de terre et de glace étaient projetés en l'air comme par une série d'explosions. Bientôt, l'ensemble de la construction fut libéré de l'emprise du sol. Lentement mais sûrement, Naxxramas s'élevait dans les airs.

Et ceci sera ton vaisseau.
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La voie de la damnation
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